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La République du Congo donne une nouvelle impulsion à la lutte contre la malnutrition

Countries
Congo
Sources
Govt. Rep. Congo
Publication date
Origin
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Mardi 8 Octobre 2013 - 17:42

La République du Congo a adopté, le 8 octobre à Brazzaville, un plan d’action de lutte contre la malnutrition chronique visant à donner une nouvelle impulsion à la lutte contre ce fléau. Le plan a été adopté lors d’une réunion des décideurs, marquée par l’adhésion du Congo à l’Initiative SUN (scaling up nutrition, un mouvement mondial qui réunit les gouvernements, la société civile, les entreprises et les citoyens dans un effort mondial pour mettre fin à la sous-nutrition.

Il ressort au cours de cette réunion que, malgré des efforts consentis par les pouvoirs publics congolais, près de 24% d’enfants de moins de 5 ans (soit plus de 200.000 enfants) sont touchés par le retard de croissance. La chute du retard de croissance est deux fois plus importante chez les plus pauvres que chez les plus riches.

Certains départements sont au-dessus du seuil d’alerte de l’émaciation (malnutrition aigüe sévère). C’est le cas de la Cuvette-Ouest (0,5%), Pointe-Noire et dans la Sangha (0,6%), Cuvette (0,8%), le Niari et la Likouala (1%), Brazzaville (1,1%), la Lékoumou (1,4%), les Plateaux (2,2%), le Pool et le Kouilou (2,4%) et la Bouenza (4,6%). Près de 16.000 enfants de moins de 5 ans meurent chaque année au Congo à cause de la sous-alimentation.

Les statistiques de la malnutrition chronique chez les enfants de 0 à 59 mois se présentent comme suit : Brazzaville (18,9%) ; Pointe-Noire (22,7%) ; Lékoumou (38,6%) ; Bouenza (22,8%) ; Niari (26,9%) ; Kouilou (32,5%) ; Pool (28,5%) ; Plateaux (36,1%) ; Sangha (35,4%) ; Cuvette-Ouest (29,2%) ; Cuvette (24%) ; Likouala (28,9%). Toutefois, une enquête réalisée en 2011 note une diminution de ce taux au cours des dernières années : il est passé de 24% en 2011-2012 contre 30% en 2005, soit 0,9% par an. Au total, le nombre d’enfants souffrant de malnutrition chronique est estimé à 134,000 par an.

La malnutrition est due à plusieurs facteurs, immédiats et sous-jacents. Au niveau des causes immédiates, l'inadéquation de la ration alimentaire et la maladie en constituent les principales. Quant aux causes sous-jacentes, elles se classent en trois groupes, aboutissant à l'inadéquation de la ration alimentaire et à la maladie : insécurité alimentaire des ménages ; insuffisance des services de santé et d'assainissement ; mauvaise qualité des soins apportés aux enfants et aux femmes.

La malnutrition a d’énormes conséquences. En effet, plus de 16.000 décès annuels chez les enfants sont attribués à la sous-nutrition. La malnutrition provoque de grandes souffrances physiques et psychologiques. Elle est à l’origine des retards de croissance et diminue l’espérance de vie d’un enfant. Les effets les plus néfastes se produisent sur le cerveau du fœtus et des bébés.

Au plan économique, la malnutrition fait perdre au Congo 2 à 3% de son PIB tous les ans, soit 44 milliards de francs CFA. Elle accroît la prédisposition aux maladies et laisse les individus sans force et léthargiques, réduisant leur capacité de travail ; baisse la productivité, entrave la croissance économique et l’efficacité des investissements dans les domaines de la santé et de l’éducation, augmentant ainsi la pauvreté.

Au regard des interventions des uns et des autres au cours de cette réunion, l’on peut comprendre que des efforts sont en train d’être réalisés dans le cadre de la lutte contre la malnutrition. Par exemple, le processus national de fortification en fer de la farine de blé qui a été instauré avec succès en 2008 afin de renforcer la lutte contre l’anémie. Depuis 2009, la farine produite par la minoterie du Congo (MINOCO) est fortifiée en fer, une commission nationale pour la fortification des aliments a été mise en place par décret présidentiel. Comme nous l’avons souligné tantôt, le Congo a réussi à baisser la prévalence de la malnutrition chronique de six points, passant de 26% en 2005 à 20% en 2011-2012. Dans la même période, il a pu également diminuer le taux d’anémie de 70% à 58% chez les femmes enceintes et de 60% à 52% chez les femmes allaitantes. En outre, le Congo dispose d’un plan national de développement (PND) 2012-2016, qui reprend les axes importants de la politique nationale en termes de modernisation. Au niveau du ministère de la santé et de la population, il y a un plan national du développement sanitaire 2007-2011 et un plan d’urgence 2012-2013, qui est un élément intermédiaire du plan en cours de finalisation 2013-2017.

Le plan en cours de finalisation a axé des maillons sur les problèmes de la malnutrition qui passe par le renforcement du service de nutrition ; l’introduction au niveau des différents hôpitaux des structures qui s’occupent de la nutrition. Le ministère des affaires sociales, de l’action humanitaire et de la solidarité dispose également d’un plan de lutte contre la malnutrition.

Mais, il s’agit là des efforts qui se réalisent de façon sectorielle. La problématique qui a été soulignée au cours de la réunion est celle de la mise en cohésion de toutes les stratégies. Car, la lutte contre la malnutrition exige des solutions plurisectorielles. En effet, les activités d'un projet nutritionnel reflètent le caractère pluridisciplinaire de l'approche. Elles partent de la connaissance du milieu et du renforcement des compétences techniques du personnel en poste dans la zone d'intervention, pour se concentrer sur celles qui assurent l'augmentation de la quantité et de la diversité des aliments pendant toute l'année, ainsi que leur correcte utilisation par la population.

Autrement dit, dès lors que la malnutrition relève de causes diverses, la prévention et/ou la solution des problèmes nutritionnels nécessitent la concertation continue et la collaboration sur le terrain des diverses institutions gouvernementales et non gouvernementales, susceptibles de répondre aux besoins spécifiques de la population.

Gaspard Lenckonov