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Etude finale du projet UMOJA à Masisi et à Mighobwe

Countries
DR Congo
Sources
CARE
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RESUME EXECUTIF

L’objectif global de cette étude est d’évaluer l’approche «UMOJA» sur base de deux applications et de dégager les leçons qui pourraient aider à créer un modèle de réponses d’urgence multisectorielles aux déplacées et leurs familles et communautés d’accueil basées sur le renforcement de la solidarité traditionnelle à travers la méthode participative et la redynamisation de la capacité de la communauté à adresser une crise.

La collecte des données pour cette étude finale du projet UMOJA a eu lieu en septembre 2011 dans les deux zones d’intervention du projet en zone rurale au Nord Kivu, à savoir les territoires de Lubero (au grand nord) et de Masisi (au petit nord). Elle se base sur des enquêtes ménages au niveau de cinq populations dans trois situations différentes. Il s’agit des familles d’accueil (FA) et des familles de déplacées (FD) dans les deux zones d’application du projet UMOJA, et d’un échantillon de FD dans trois camps formels à Masisi. Il s’ajoute, également, des informations qualitatives obtenues à travers 22 groupes de discussion semi structurés et des entretiens individuels avec des informants clés.

Les caractéristiques générales de ces populations représentent trois situations distinctes de déplacées, dont deux dans les communautés du projet UMOJA. La première, à Mighobwe, est d’une situation relativement « stable », bien que le harcèlement de cette population n’est pas à sous-estimer, où une partie importante des FD s’est organisée pour avoir accès à leurs champs par moyen d’un mouvement. La deuxième situation, à Masisi, est moins stable, ayant reçu des nouvelles vagues de personnes déplacées en 2011. Elle montre l’état d’alerte qu’il faut intégrer si nous continuons à travailler avec les populations de cette zone. Sur un continuum d’urgence au développement, les deux cas se trouvent à un écart bien distinct. Une troisième situation est celle du camp formel autour de Masisi centre où nous avons pris un échantillon de FD pour raisons de comparaison.

Parmi les caractéristiques générales des FD enquêtées à noter est la durée de séjour dont la moyenne varie entre 18 mois à Masisi, 36 mois à Mighobwe et 24 mois dans les camps. Donc elle est bien plus longue que les 6 mois rapporté antérieurement (données de base et les études de 2008). Tandis que le travail dans l’agriculture est très évident parmi les FD à Mighobwe où elles ont accès à leurs propres champs (dans un rayon de 20 à 30 Kms) ou aux champs de leurs FA, c’est l’emploi journalier qui est le mode principal de survie pour les FD à Masisi. Parmi eux, une bonne partie travaille contre de la nourriture selon les commentaires récoltés en focus groupe. La grande majorité de leurs hôtes, les FA, ont connu elles-mêmes le déplacement (95,2% à Mighobwe et 85,9% à Masisi). Les liens de parenté sont plus forts à Mighobwe, où la durée de séjour est la plus longue.
Parmi les plus grandes difficultés identifiées par les répondants notamment les FD, c’est le manque d’accès à la nourriture qui domine, suivi par le manque de NFI.

La taille moyenne des ménages varie entre 6 et 7 pour les FA et entre 5,3 et 5,5 pour les FD. La taille totale, FA plus FD, est, selon les réponses des FA, à 10,4 à Masisi et à 10,3 à Mighobwe.

Les données sur le volet abri montrent qu’à Masisi le taux d’absorption actuel des IDP est beaucoup plus élevé qu’à Mighobwe (93% contre 61% respectivement). A Masisi, la superficie habitable atteint les 2,5 m2 /personne recommandé dans le cadre logique de ECHO mais pas les 3,5 m2 recommandé par Sphère ou le groupe de travail abris (GTA). A Mighobwe, les dimensions sont dans les normes pour les ménages d’accueil ayant complété les abris / maisons du projet. Le taux d’achèvement des abris pour les FD est faible et n’atteint pas les 50% parmi les bénéficiaires de ce volet, ni à Masisi, ni à Mighobwe. Une discussion approfondie sur le volet abri est offerte dans le chapitre 4 et dans l’annexe A. Le manque d’intimité, indicateur subjectif de la promiscuité, est ressenti surtout à Masisi, où une nouvelle vague de personnes déplacées vient d’arriver.

A Masisi, il est difficile à déterminer si les NFI achetés par voucher sont toujours en utilisation régulière (indicateur proposé par le cadre logique), mais globalement on voit une dégradation par rapport à l’accès aux NFI. A Mighobwe, il y a une légère amélioration pour les FA. Pour les FD, leurs mouvements pendulaires contribuent à une certaine fuite des articles. Par rapport à l’utilisation des vouchers pour l’éducation des enfants, l’objectif est bien atteint au niveau des FA à Mighobwe où presque 48% ont utilisé leurs vouchers pour la scolarisation.

La force la plus importante de ce volet est la procédure qui permet chaque famille de choisir sur un marché ouvert ce qu’il leur est nécessaire. Par exemple, la tendance de vendre des biens, et spécifiquement des NFI, reçu aux camps, est bien plus élevée que parmi les autres groupes enquêtés. La collaboration avec les commerçants locaux, renforce l’économie locale et répond aux besoins et préférences locaux. A Masisi, cette procédure a été améliorée, au fur et à mesure, par la pratique d’auto évaluation.

Les effets de distribution d’outils et de semences du projet sont bien évidents à Masisi et à Mighobwe, selon leur programme spécifique. La pratique de prêt entre FD et FA pourrait servir comme indicateur de solidarité dans un contexte où le prêt est praticable, c'est-à-dire où les deux parties travaillent en proximité l’une de l’autre. Il est encourageant de voir une forte possession/utilisation des arrosoirs à Mighobwe une année après la fermeture du projet. L’accompagnement de la distribution des outils et des semences par une formation par un agronome renforce l’efficacité du volet de sécurité alimentaire.

A Masisi, le projet a aménagé dix sources d’eau à travers les 12 villages affiliés au projet. Si l’objectif est d’assurer la population un accès à l’eau potable d’une source protégée, il a été largement atteint. L’approvisionnement en eau potable est également satisfaisant à Mighobwe et dans les camps. La pratique à la maison de protéger cette eau est moins impressionnante, surtout à Masisi, où les effets du programme de sensibilisation sont faibles. Le taux de la diarrhée au niveau du ménage est le plus élevé dans les camps et parmi les FA de Masisi.

L’initiative de lier les vouchers de NFI à la scolarisation des enfants en collaboration avec un groupe d’écoles primaires à Mighobwe a eu des résultats intéressants et nous recommandons l’inclusion du secteur éducation dans des projets futurs car l’importance de la scolarisation des enfants ressort clairement des commentaires de la population enquêtée.

Le volet de « bonne gouvernance » a été très bien développé à Masisi où on trouve la présence active des structures établies au niveau de chaque communauté bénéficiaire. Cette activité du projet est fortement appréciée par les diverses personnes concernées. Les actions prises pour renforcer ces structures et les rendre plus efficaces et plus durables sont à féliciter.

Selon une forte majorité des groupes enquêtés, les problèmes de violences sexuelles ont diminués. Les commentaires qualitatifs attribuent le problème surtout à l’insécurité, aux groupes armés et à certains civils qui se déguisent en milice.

En somme, les secteurs du projet réunissent un ensemble des biens pour renforcer les conditions de survie des ménages bénéficiaires : l’abri, la sécurité alimentaire, les NFI, l’eau et l’assainissement, la protection des femmes contre le problème de violences sexuelles (c'est-à-dire, les aspects qui sont maîtrisable du côté de la population elle-même). L’un des aspects qui caractérisent l’approche UMOJA est la procédure de fournir une bonne partie de ces biens à travers des vouchers qui permettent les ménages bénéficiaires de choisir ce qu’il leur faut. Un autre aspect est la collaboration directe avec les communautés en utilisant des procédures transparente et participative. Nous pensons que l’application de ces aspects peut être renforcée à travers tous les secteurs y compris la construction des abris et les programmes de sensibilisation. C’est au niveau de chaque communauté d’accueil qu’on devrait établir la bonne complémentarité entre les divers secteurs qui correspond spécifiquement à leurs besoins. Il n’est pas conseillé d’aller vers une approche de standardisation dans les situations que nous avons rencontrées au cours de cette étude.