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Déferlement de violence dans la région du Kasaï autrefois stable

Countries
DR Congo
Sources
UNHCR
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Un père a fui, tout comme 1,3 million de civils, une guerre qu’ils n’auraient jamais imaginée dans la région du Kasai en RDC.

Par: Andreas Kirchhof

IDIOFA, République démocratique du Congo - Bernard*, 25 ans, est un père de famille robuste et en bonne santé. Il a trois enfants. Il ne s’avoue pas vaincu par les aléas de la vie. Toutefois, en ce moment, il se sent complètement perdu.

« Les enfants me demandent, Papa, où est Maman? Ils pensent beaucoup à elle et pleurent », explique-t-il. « Je prends parfois mon téléphone mobile et je fais semblant de l’appeler, puis je leur dis qu’elle va bientôt rentrer. Mais cela ne les calme plus. »

Pour Bernard, une sombre journée en avril dernier a changé le cours de sa vie. Il était à son bureau dans la région de Kasai en République démocratique du Congo (RDC) et travaillait à planifier les examens de fin d’année en tant qu’administrateur d’une école.

« J’ai soudain entendu des gens pleurer et courir », indique-t-il. Il venait d’apprendre que l’un des groupes de miliciens - qui avaient vu le jour dans la région - avait lancé une attaque non loin.

Choqué, il a couru vers chez lui. « Quand je suis arrivé dans ma rue, j’ai vu ma maison en flammes », dit-il. « J’ai tout perdu, tout a été réduit en cendres. »

Il serre contre lui ses deux garçons, Raoul, deux ans, et Ramazani, cinq ans. « J’ai trouvé mes garçons debout tout seuls, effrayés et en pleurs. » En sortant avec eux, il a vu sa femme dans la rue. Elle avait été brutalement assassinée par des combattants des milices, dont des dizaines étaient tout proches.

Il ne trouvait pas sa fille de sept ans, Ngalula, et ne sait pas ce qu’elle est devenue.

Il est maintenant assis sur un banc de bois à l’extérieur d’une ancienne clinique à Idiofa, une ville dans la province du Kwilu, à environ 500 kilomètres à l’est de la capitale, Kinshasa.

Alors que ses petits garçons courent et jouent à proximité, il se souvient combien sa vie était différente il y a encore trois mois. « Nous avions une vie très agréable. Je recevais mon salaire à la fin du mois. » La maison familiale comptait « quatre pièces, un toit avec 53 tôles ondulées et une télévision ».

« Nous n’avions jamais entendu un coup de feu auparavant. »

Environ 100 personnes arrivent à Idiofa chaque jour, souvent à pied, tandis que beaucoup d’autres rejoignent des villes voisines dans la province. Actuellement, 350 personnes déplacées séjournent dans la clinique avec jusqu’à 50 personnes dans une même pièce, à même le sol.

Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, travaille avec une ONG locale, l’Association pour le développement social et la sauvegarde de l’environnement, pour fournir des repas chauds et de l’eau aux nouveaux arrivants. Ce soutien a déjà encouragé plus de 3000 personnes déplacées - ayant trouvé abri au sein de familles locales, dans des églises ou des mosquées - à s’inscrire sur les listes de bénéficiaires.

« Le processus est important car il nous aide à identifier les personnes vulnérables comme les enfants non accompagnés qui ont besoin d’un soutien spécifique », explique Ann Encontre, Représentante du HCR en Afrique centrale.

« Nous travaillons avec des partenaires locaux pour venir en aide aux déplacés, tout en nous concentrant sur la protection des personnes les plus vulnérables », ajoute-t-elle.

Bernard et sa famille sont reconnaissants d’être en vie, mais la douleur d’avoir perdu sa petite fille continue de le hanter. « Je l’aimais tellement, je ne sais pas comment je peux voir ma fille de nouveau », dit-il.

« Peut-être qu’elle a fui avec une femme qui a un bon cœur. »

*Le nom a été modifié pour des raisons de protection