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Évaluation des besoins post-catastrophe pour le cyclone Mathieu

Countries
Haiti
Sources
EU
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2,7 milliards sur 3 ans pour le relèvement des départements affectés par le cyclone Mathieu

L´évaluation des besoins après le désastre par les autorités nationales et leurs partenaires internationaux identifie le logement et l´agriculture comme les secteurs prioritaires.

Port-au-Prince, le 3 février 2017 - Le relèvement des populations et des départements affectés par le passage du cyclone Mathieu nécessitera un investissement global d’environ 2,7 milliards de dollars américains, en plus des interventions humanitaires salvatrices encore en cours, selon l'Évaluation des besoins après la catastrophe (Post disaster needs assesment ou PDNA, en anglais) lancée par le Gouvernement haïtien le 3 février avec l’appui des Nations Unies, de l’Union Européenne, de la Banque mondiale et de la Banque Interaméricaine de développement.

Ces fonds permettront de répondre aux besoins identifiés dans les secteurs suivants :

  • Secteurs sociaux : logement, urbanisme, santé, éducation et culture
  • Secteurs productifs : agriculture, élevage, pêche, commerce, industrie et tourisme
  • Secteur Infrastructures : transport et communications, énergie, eau et assainissement
  • Domaines transversaux : environnement, gestion des risques et des désastres, emploi et moyens d’existence, genre et gouvernance.

L´élaboration de l’évaluation post-Mathieu a mobilisé plus 150 cadres techniques nationaux et internationaux répartis dans 16 équipes thématiques. Selon les experts, le logement et l’agriculture sont les domaines où les besoins sont les plus importants. L’habitat à lui seul accuse des pertes évaluées à environ 856,28 millions de dollars US (370,000 foyers affectées et 175,000 personnes ayant perdu leur maison).

Les besoins dans le domaine de l’agriculture avoisinent les 573,53 millions de dollars US en termes de pertes. Avec le passage de Mathieu, plus de 428.000 exploitants agricoles (qui représentent en termes d’effectifs plus de 2 millions de personnes) ont été touchés et décapitalisés.

Selon le PDNA, le cyclone Mathieu a produit des pertes globales de l’ordre de 2,778 milliards de dollars US (soit 183 639,27 milliards de gourdes). Près des trois quarts des effets sont considérés comme étant privés, c’est-à-dire directement subis par la population affectée. Dans le secteur public, ce sont les infrastructures routières et électriques, les systèmes de télécommunications, d’eau et d´assainissement, ainsi que l’environnement qui ont été particulièrement touchés.

« Cette catastrophe a couté au pays 32% de son PIB. Ainsi, nous devons désormais resserer les liens entre l’urgence et développement en mettant l’accent sur la réduction des risques et désastres pour aboutir à la résilience», a souligné M. Vincent Degert, Ambassadeur de l’Union européenne en Haiti, dans son discours au nom des partenaires lors de la cérémonie de lancement.

Pour M. Degert, « le cyclone Mathieu nous donne l’opportunité de reconstruire mieux en mettant l’accent sur les spécificités de chaque territoire et ce PDNA peut servir d’outil à la mobilisation de ressources. »

Mathieu a été le cyclone le plus dévastateur pour Haïti depuis le cyclone Jeanne qui avait violemment frappé le pays en septembre 2004. Il s´agit également de la plus grave catastrophe naturelle depuis le séisme du 12 janvier 2010, qui avait provoqué des dégâts de grande ampleur dans tous les secteurs de la société. Le cyclone a aggravé plus encore les multiples défis de développement d´Haïti, dont le PIB par habitant ne s’élève qu’à 829 dollars US, avec un taux de chômage de 40 %. Près de 59 % des Haïtiens vivent sous le seuil de pauvreté (avec moins de 2,42 dollars US par jour) et 24 %, sous le seuil de pauvreté extrême (avec moins de 1,23 dollar US par jour).

Les femmes ont été affectées de manière disproportionnée par les conséquences de Mathieu, tant en termes de perte de leurs moyens de subsistance qu’à cause de l’augmentation de la violence basée sur le genre. Parmi les 2,1 millions de personnes affectées, on compte 895.000 enfants et 49 % de femmes. C’est pourquoi le PDNA considère que les actions visant le renforcement de l’autonomisation des femmes et la réduction des risques de leur marginalisation sont cruciales.

« Le relèvement des zones les plus touchées par Mathieu et le renforcement de la résilience des populations aux crises et aux désastres naturels sont essentiels pour ouvrir la voie au développement durable. À, cet égard, je voudrais souligner que les femmes jouent un rôle essentiel dans la réhabilitation sociale et économique des zones du Sud et de la Grand´Anse, où 40% des familles affectées par le cyclone sont dirigées par une femme », a déclaré El-Mostafa Benlamlih, Coordonnateur Résident, Coordonnateur Humanitaire et Représentant spécial adjoint du Secrétaire Général des Nations Unies en Haïti.

Le président provisoire de la République d’Haïti, M. Jocelerme Privert a salué le travail effectué par son Gouvernement avec l’appui de la communauté internationale dans des conditions extrêmes. Il s’est réjouit de laisser à la prochaine administration un document bien élaboré qui lui permettra de prendre des décisions éclairées.

Un pays particulièrement vulnérable aux désastres naturels

96 % de la population haïtienne vit constamment sous la menace d’au moins deux aléas. Les données historiques disponibles conduisent globalement à conclure que les catastrophes liées aux conditions météorologiques auraient entraîné des dommages et des pertes annuels estimés à environ 2 % du PIB de 1975 à 2016. En 2008, les tempêtes tropicales et les cyclones ont entraîné pour le pays des pertes estimées à 15 % du PIB. Le séisme du 12 janvier 2010 a entraîné la mort de 220.000 personnes, forcé le déplacement de 1,5 million de personnes et provoqué des destructions d’une valeur équivalant à 120 % du PIB.

Résumé

Établi après le passage du cyclone Mathieu dans plusieurs départements du pays en octobre 2016, le présent rapport PDNA 2016-Haïti rend compte des dégâts causés par le cyclone et de l’évaluation des besoins générés et des coûts afférents, et présente la stratégie de relèvement préconisée en vue d’une réponse adéquate à la situation post-catastrophe. Ce rapport comprend sept chapitres : 1) le profil du pays et ses vulnérabilités ; 2) le cyclone Mathieu et la réponse à la catastrophe ; 3) la méthodologie et le processus PDNA ; 4) le bilan des effets et des besoins post-Mathieu ; 5) l’impact macroéconomique ; 6) l’impact humain et social ; et 7) la stratégie de relèvement.

Dans les trois premiers chapitres, le rapport présente une première approche de la situation post-Mathieu. Il décrit la démarche adoptée en vue de parvenir à une évaluation plus précise de l’impact de la catastrophe et à la planification des actions de relèvement. Le premier chapitre rappelle que les 3 et 4 octobre 2016, le cyclone Mathieu a frappé Haïti, un pays déjà aux prises à de grandes vulnérabilités sociales et environnementales, aggravées par le développement rapide et anarchique des villes, sous l’effet conjugué de la pauvreté, de la dégradation environnementale et de l’exode rural. Exposé annuellement à des cyclones, Haïti est considéré désormais comme le plus vulnérable de tous les petits États de la Caraïbe, avec le plus haut indice de vulnérabilité aux cyclones (12,9 sur une échelle de 13). On lui reconnait même un profil de risque de 6,1 contre une moyenne de 2,8 pour le reste de la région.